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30 mai 2008 5 30 /05 /mai /2008 20:34

Les hauts de Hurlevent - Emily BronteLes Hauts de Hurle-Vent sont des terres balayées par les vents du nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. Mr. Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l'ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, il prépare une vengeance diabolique. Il s'approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage.

...D'une manière un peu ignorante, en ouvrant ce livre, je m'étais imaginée une grande fresque romantique et j'ai découvert qu'il n'en est rien. Voilà des héros qui se sont romantiques que dans la puissance de leurs sentiments d'amour et surtout de haine. Ils gardent pourtant un air innocent dans leur fond puisque tous leurs malheurs viennent de leurs tourments intérieurs.
C'est d'autant plus passionnant que la lecture de ce livre est très agréable et fluide...


Texte intégral : http://www.wikilivres.info/wiki/index.php/Les_Hauts_de_Hurlevent

Un petit extrait du début :
J’enfonçai le poing à travers la vitre et allongeai le bras en dehors pour saisir la branche importune ; mais, au lieu de la trouver, mes doigts se refermèrent sur les doigts d’une petite main froide comme la glace ! L’intense horreur du cauchemar m’envahit, j’essayai de retirer mon bras, mais la main s’y accrochait et une voix d’une mélancolie infinie sanglotait : "Laissez-moi entrer ! laissez-moi entrer ! – Qui êtes-vous ?" demandai-je tout en continuant de lutter pour me dégager. "Catherine Linton", répondit la voix en tremblant (pourquoi pensais-je à Linton ? J’avais lu Earnshaw vingt fois pour Linton une fois). "Me voilà revenue à la maison : je m’étais perdue dans la lande !" La voix parlait encore, quand je distinguai vaguement une figure d’enfant qui regardait à travers la fenêtre. La terreur me rendit cruel. Voyant qu’il était inutile d’essayer de me dégager de son étreinte, j’attirai son poignet sur la vitre brisée et le frottai dessus jusqu’à ce que le sang coulât et inondât les draps du lit.

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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 13:39
La grande faucheuse Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
Noir squelette laissant passer le crépuscule.
Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule,
L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx.
Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux
Tombaient ; elle changeait en désert Babylone,
Le trône en échafaud et l'échafaud en trône,
Les roses en fumier, les enfants en oiseaux,
L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux.
Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit être.
Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître ? -
Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ;
Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ;
Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ;
Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombre
Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ;
Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.
Derrière elle, le front baigné de douces flammes,
Un ange souriant portait la gerbe d'âmes.

Victor Hugo (Les contemplations)
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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 21:33

En 1993, le Suédois Peter Petterson-Bjärgö (chant, composition) fonde Arcana en compagnie de la chanteuse Ida Bengtsson. Influencé par la musique médievale et l'imagerie romantique du moyen-âge, le duo construit sa propre bande-son au travers de titres symphoniques et profonds, entre sonorités classiques et instrumentation moderne qu'on compare immanquablement à ce que Dead Can Dance a fait de mieux durant la première moitié de sa carrière. Arcana ne tarde pas à se faire signer chez Cold Meat Industry pour devenir une véritable référence en la matière.

...Même si aucun groupe n'égalera Dead can Dance, Arcana me semble en être les plus dignes successeurs...

Site officiel : http://erebusodora.net/arcana

Myspace : http://www.myspace.com/peterbjargo 

Artistes similaires : Dargaard, Dead can dance


Album cultissime : Inner pale sun
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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 21:24
J'ouvre mon estomac, une tombe sanglante
De maux ensevelis. Pour Dieu, tourne tes yeux,
Diane, et vois au fond mon coeur parti en deux,
Et mes poumons gravés d'une ardeur violente, 

Vois mon sang écumeux tout noirci par la flamme,
Mes os secs de langueurs en pitoyable point
Mais considère aussi ce que tu ne vois point,
Le reste des malheurs qui saccagent mon âme. 

Tu me brûles et au four de ma flamme meurtrière
Tu chauffes ta froideur : tes délicates mains
Attisent mon brasier et tes yeux inhumains
Pleurent, non de pitié, mais flambants de colère. 

À ce feu dévorant de ton ire allumée
Ton oeil enflé gémit, tu pleures à ma mort,
Mais ce n'est pas mon mal qui te déplait si fort
Rien n'attendrit tes yeux que mon aigre fumée. 

Au moins après ma fin que ton âme apaisée
Brûlant le coeur, le corps, hostie à ton courroux,
Prenne sur mon esprit un supplice plus doux,
Étant d'ire en ma vie en un coup épuisée.

Théodore Agrippa d'Aubigné (Stances)

Daddy's girl par Michael Hussar
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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 16:51

Que m'importe que tu sois sage ?
Sois belle ! et sois triste ! Les pleurs
Ajoutent un charme au visage,
Comme le fleuve au paysage ;
L'orage rajeunit les fleurs. 

Je t'aime surtout quand la joie
S'enfuit de ton front terrassé ;
Quand ton coeur dans l'horreur se noie ;
Quand sur ton présent se déploie
Le nuage affreux du passé.

Je t'aime quand ton grand oeil verse
Une eau chaude comme le sang ;
Quand, malgré ma main qui te berce,
Ton angoisse, trop lourde, perce
Comme un râle d'agonisant.

J'aspire, volupté divine !
Hymne profond, délicieux !
Tous les sanglots de ta poitrine,
Et crois que ton coeur s'illumine
Des perles que versent tes yeux ! 

II

Je sais que ton coeur, qui regorge
De vieux amours déracinés,
Flamboie encor comme une forge,
Et que tu couves sous ta gorge
Un peu de l'orgueil des damnés ;

Mais tant, ma chère, que tes rêves
N'auront pas reflété l'Enfer,
Et qu'en un cauchemar sans trêves,
Songeant de poisons et de glaives,
Eprise de poudre et de fer, 

N'ouvrant à chacun qu'avec crainte,
Déchiffrant le malheur partout,
Te convulsant quand l'heure tinte,
Tu n'auras pas senti l'étreinte
De l'irrésistible Dégoût, 

Tu ne pourras, esclave reine
Qui ne m'aimes qu'avec effroi,
Dans l'horreur de la nuit malsaine,
Me dire, l'âme de cris pleine :
" Je suis ton égale, Ô mon Roi ! "

Charles Baudelaire (Les fleurs du mal)

 Photographie de Belle Archer
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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 16:30

Les morts vont vite, Scheffer

...Lénore est emportée par son fiancé, cavalier de la mort, ployée et abandonnée à une chevauchée fantastique. Déjà la lumière de la vie se fait pale dans les ténèbres...

Avec son pendant datant de 1829 intitulé Lenore - Le retour de l'armée (conservé au musée de Dordrecht), cette oeuvre s'inscrit parfaitement dans le mouvement romantique.
(...)
L'histoire se passe à l'issue de la guerre de Sept ans (1756 - 1763). Les soldats retournent chez eux mais Lenore attend en vain son fiancé Wilhelm. En proie au désespoir, elle blasphème. La nuit, Wilhelm apparaît enfin, revêtu d'une cuirasse. Il l'emmène sur son cheval noir lui promettant qu'ils se marieront avant l'aube. Arrivée au cimetière, Lenore voit les morts sortir de leur tombe. Le cheval crache du feu, la cuirasse n'abrite qu'un squelette. Le sol s'ouvre et tous disparaissent dans les profondeurs.
Cette "chevauchée fantastique" qui se caractérise par une touche libre, proche de celle de Delacroix, baigne dans la clarté de la lune.
Pratiquement monochrome, l'œuvre représente deux mondes : celui des vivants et celui des morts, ces derniers étant esquissés de façon floue dans des teintes brunes.
Source : http://www.paris-france.org

«Qu’est-ce donc là-bas que ce bruit et ces chants ? Où volent ces nuées de corbeaux ? Écoute… c’est le bruit d’une cloche ; ce sont les chants des funérailles : « Nous avons un mort à ensevelir. » Et le convoi s’approche accompagné de chants qui semblent les rauques accents des hôtes des marécages.

― » Après minuit vous ensevelirez ce corps avec tout votre concert de plaintes et de chants sinistres : moi, je conduis mon épousée, et je vous invite au banquet de mes noces. Viens, chantre, avance avec le chœur, et nous entonne l’hymne du mariage. Viens, prêtre, tu nous béniras.

Plaintes et chants , tout a cessé… la bière a disparu… Sensible à son invitation , voilà le convoi qui les suit… Hurra ! hurra ! Il serre le cheval de près, et puis en avant ! Hop ! hop ! hop ! ainsi retentit le galop… Cheval et cavalier respiraient à peine, et sous leurs pas les cailloux étincelaient.

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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 16:13
Cauchemar Füssli

Füssli ne réalisera pas moins de quatre versions de son oeuvre la plus célèbre, Cauchemar. Le tableau de Francfort en est la seconde version. Même si le motif n'est pas inspiré d'un modèle littéraire concret, il serait impensable sans au moins la connaissance des histoires de revenants anglaises. La silhouette de la femme endormie est extrêmement allongée et déformée, non pas par manque d'habileté mais pour illustrer l'horrible oppression ressentie et due à la crature accroupie sur sa poitrine, le "mare", spectre nocturne, incarnation de la peur inconsciente. Entre les rideaux, à l'arrière-plan, la tête fantomatique d'un cheval aveugle, qui anticipe le caractère diabolique donné à cet animal - ici symbole sexuel masculin - qu'apprécieront aussi les romantiques français tardifs.

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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 13:11
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. 

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. 

Arthur Rimbaud, Octobre 1870

 Oh what’s in this hollow - E. R. Hughes
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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 12:43




 Gisant de Marie de Bourgogne

Sur ce couvercle de tombeau
     Elle dort. L'obscur artiste
Qui l'a sculptée a vu le beau
     Sans rien de triste.

 Joignant les mains, les yeux heureux
     Sous le voile des paupières,
Elle a des rêves amoureux
     Dans ses prières.

 Sous les plis lourds du vêtement,
     La chair apparaît rebelle,
N'oubliant pas complètement
     Qu'elle était belle. 

Ramenés sur le sein glacé
     Les bras, en d'étroites manches,
Rêvent l'amant qu'ont enlacé
     Leurs chaînes blanches. 

Le lévrier, comme autrefois
     Attendant une caresse,
Dort blotti contre les pieds froids
     De sa maîtresse.

 

 Tout le passé revit. Je vois
     Les splendeurs seigneuriales,
Les écussons et les pavois
     Des grandes salles, 

Les hauts plafonds de bois, bordés
     D'emblématiques sculptures,
Les chasses, les tournois brodés
     Sur les tentures. 

Dans son fauteuil, sans nul souci
     Des gens dont la chambre est pleine,
A quoi peut donc rêver ainsi,
     La châtelaine?

 Ses yeux où brillent par moment
     Les fiertés intérieures,
Lisent mélancoliquement
     Un livre d'heures.

 

 Quand une femme rêve ainsi
     Fière de sa beauté rare,
C'est quelque drame sans merci
     Qui se prépare. 

Peut-être à temps, en pleine fleur,
     Celle-ci fut mise en terre.
Bien qu'implacable, la douleur
     En fut austère. 

L'amant n'a pas vu se ternir,
     Au souffle de l'infidèle,
La pureté du souvenir
     Qu'il avait d'elle. 

La mort n'a pas atteint le beau.
     La chair perverse est tuée,
Mais la forme est, sur un tombeau,
     Perpétuée.

Charles Cros (Le coffret de santal)

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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 11:32
Ma belle amie est morte,
Et voilà qu'on la porte
En terre, ce matin,
En souliers de satin.

Elle dort toute blanche,
En robe de dimanche,
Dans son cercueil ouvert
Malgré le vent d'hiver.

Creuse, fossoyeur, creuse
À ma belle amoureuse
Un tombeau bien profond,
Avec ma place au fond.

Avant que la nuit tombe
Ne ferme pas la tombe ;
Car elle m'avait dit
De venir cette nuit,

De venir dans sa chambre :
« Par ces nuits de décembre,
Seule, en mon lit étroit,
Sans toi, j'ai toujours froid. »

Mais, par une aube grise,
Son frère l'a surprise
Nue et sur mes genoux.
Il m'a dit : « Battons-nous.

Que je te tue. Ensuite
Je tuerai la petite. »
C'est moi qui, m'en gardant,
L'ai tué, cependant.

Sa peine fut si forte
Qu'hier elle en est morte.
Mais, comme elle m'a dit,
Elle m'attend au lit.

Au lit que tu sais faire,
Fossoyeur, dans la terre.
Et, dans ce lit étroit,
Seule, elle aurait trop froid.

J'irai coucher près d'elle,
Comme un amant fidèle,
Pendant toute la nuit
Qui jamais ne finit.

Charles Cros (Le coffret de santal)

Edward Young enterrant sa fille de Pierre-Auguste Vafflard
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