Füssli ne réalisera pas moins de quatre versions de son oeuvre la plus célèbre, Cauchemar. Le tableau de Francfort en est la seconde version. Même si le motif n'est pas inspiré d'un modèle littéraire concret, il serait impensable sans au moins la connaissance des histoires de revenants anglaises. La silhouette de la femme endormie est extrêmement allongée et déformée, non pas par manque d'habileté mais pour illustrer l'horrible oppression ressentie et due à la crature accroupie sur sa poitrine, le "mare", spectre nocturne, incarnation de la peur inconsciente. Entre les rideaux, à l'arrière-plan, la tête fantomatique d'un cheval aveugle, qui anticipe le caractère diabolique donné à cet animal - ici symbole sexuel masculin - qu'apprécieront aussi les romantiques français tardifs. |